Walking on sunshine !OHHHHH! {Libre

Je dois sans doute être le seul cinglé de cette ville, assis sur le dossier d’un dossier de banc, à 6h43 à ma montre, en train d’attendre l’exact premier rayon du soleil qui passera sur les plaques de marbres, sellant le destin d’inconnu sur un trottoir où des touristes s’extasient toute la journée. Heureusement, en ce jour matinal de semaine, je serais extrêmement déçu de voir débarquer un car japonais, pour ma gâcher l’instant. Les aiguilles de ma montre semblent figés, j’attend toujours l’heure fatidique, l’appareil à mon cou. On ne peut pas dire qu’il fasse chaud, je porte un sweat en dessous ma veste, et mon jean se fait de plus en plus fin sur mes pauvres cuisses de poulet. C’est vrai que je suis assez maigrichon. La clope au bec, je jette un regard désapprobateur à ce corps faible, mais robuste à l’intérieur. Je peux tout endurer ! On me demande de monter la colline en jogging, je le fais ! On me défi de tenir un match de tennis, je tiens, mais la qualité de jeu est à voir ! Ma cigarette réchauffe le tout quand même, ça aide à tout surmonter ces m*rdes !
Puis là, le miracle se produisit. Je jette mon mégot après l’avoir écrasé et toujours en position assise, je fais monter l’objectif à mes yeux. Et je prends les premières photos du soleil sur l’avenue de la Gloire ! C’est formidable, ça me rend de bonne humeur. Je reste assis, après avoir pris quelque photo, les prochaines à prendre sont dans 20 minutes, alors je regarde les gens s’éveiller autour de moi, ouvrir leurs boutiques, en baillant. C’est fascinant. J’aimerais avoir assez d’yeux pour pouvoir tout en même temps, mon appareil immortalise tout ça. La jeune femme des souvenirs, avec ses bigoudis, l’homme du tabac, avec sa pipe. C’est mythique ça me met en joie. Je prend la prochaine série de photos puis me décide, aux alentours de 8h3 à me lever de mon perchoir, et je parcours la rue de long en large pour m’arrêter en terrasse d’un café pour un petit déjeuner français : café et croissant s’il vous plait dis-je au garçon, en français, mais je dus le répéter en grec. Le manque de culture m’énerve parfois, j’aurai pu lui mettre un livre entre les mains qu’il n’aurait rien compris.
Là j’attrape un journal déjà laissé sur une table vide avoisinante et m’enrichit des nouvelles du monde, position président une nouvelle cigarette au bec. La journée commence bien ,très bien !

Evangélie n'aurait pas pu dire à quelle heure elle s'était réveillée exactement. Elle avait ouvert les yeux, regardant son plafond. Elle ne se souvenait pas d'avoir émergée doucement, qu'elle avait été légèrement endormie se rendant compte de ce qu'il y avait autour d'elle sans ne rien faire, trop endormie pour cela. Juste qu'elle avait ouvert les yeux et qu'elle était réveillée. Elle frotta ses yeux, regardant l'heure par la suite. Elle soupira. Quelques minutes après seulement l'heure où elle se réveillait lorsqu'elle travaillait. Habitude. Elle aurait très bien pu restée coucher, tenter de se rendormir, mais elle se sentait nullement fatiguée. Elle se leva donc, se dirigeant vers la cuisine où elle décida de cuisiner. Chose tout à fait logique lorsqu'on était dans une cuisine. Chose un peu moins logique lorsqu'on était Evangélie et son talent bien peu talentueux en cuisine. Sauf que ce matin-là, elle décida d'oublier cela. Elle était très douée en cuisine. Tout du moins, jusqu'à ce que l'alarme ne se mette à crier, car elle était en train de faire brûler les crêpes qu'elle faisait. Elle ne savait même pas que des crêpes pouvaient brûler.

Ce qui n'était pas vraiment important, ce qui l'était plus était qu'elle avait réveillé sa meilleure amie de cette manière sans le vouloir. Elle qui voulait lui faire un petit déjeuner au lit pour qu'elle se repose... c'était raté. Anna prit cela en riant, heureusement. Cette dernière retourna se coucher et Evan' décida de sortir. Pour être sûre de ne plus faire de bruit. Elle commença par se changer, et sortit par la suite. Elle ne savait pas où se rendre exactement, surtout si tôt le matin. Elle se rendait toujours au studio de danse à cette heure-là. Sauf qu'elle voulait manger, question de remplacer les crêpes brûlées qu'elle avait faite sans le vouloir. Elle marcha donc au-hasard des rues, regardant les différents restaurants, casse-croûtes en tout genre, voyant si un ne lui plairait pas plus qu'un autre. Elle n'était pas quelqu'un de très difficile. Si Anna n'avait pas jeté les crêpes trop cuites et brûlées, elle les aurait goûté tout de même. Sauf que là, elle ne savait pas du tout ce dont elle avait envie. Ce fut finalement devant un café qu'elle s'arrêta, le trouvant intéressant. Elle s'installa, commandant un pain au chocolat, une salade de fruits avec un café. En attendant d'avoir son repas, elle regarda autour d'elle.

Le soleil devenait de plus en plus chaud sur mon visage quand je sortis de mon sac mon calepin et mon crayon. C’est sans doute bizarre car je n’ai pas besoin d’être inspiré pour dessiner. Je peux juste dessiner n’importe quand, c’est un chance, une passion et un passe temps très réconfortant, car j’ai l’impression de n’être jamais seul. Je prend mon œuvre et dans ma tête elle est là à mes côtés, elle me regarde, je sens la présence d’un monde qui m’appartient et ainsi auquel j’appartiens. Je suis totalement et irrévocablement timbré, j’ai une case en moins, je l’avoue, je le vis bien !
Mes doigts souples font donc courir le crayon sur la page initialement vierge. Mes mouvements sont rapides, et précis, je sais ce que je fais, mes sourcils sont froncés et mon regard concentré sur son but. J’avais pris comme cible la demoiselle assise non loin de moi, qui dégustait de manière gracieuse un croissant gras. Tant de subtilité ! Sa chevelure était épaisse mais très bien coiffée, parfaitement coiffée en fait. J’aurais très bien pu paraître pour un pervers à la manière dont je la fixais parfois, si intensément mais c’est plus fort que moi. Je suis persuadé que si quelqu’un me filmait dans ce genre de moment et me montrait le contenu de la cassette, je serai plié de rire tant je dois être pathétique à voire.
Le crayon noir avait maintenant bien assombri l’immaculée feuille pour donner un portrait de jeune fille, ressemblant à ceux trouvé dans les salons de grande maison, le portrait sur la cheminé, avec le titre de noblesse en dessous. Je signais de mes initial, comme d’habitude et me dis que je rendrais quelqu’un heureux si je lui offrais son portrait, comme si elle se voyait dans un miroir. En se voyant, elle n’oublierait pas qu’elle est divinement belle, et que même si elle vieillit, son portrait ne vieillira jamais. Il restera de marbre, et conservera toute les joies et qualités de la jeunesse. Cela me rappelle un livre, Le Portrait de Dorian Gray, excellent bouquin, sur un homme si beau qu’il fait le vœu de ne pas vieillir, mais son portrait vieillit. Triste fin car il tue son portrait et s’assassine par la même occasion, c’est un peu déplorable.
J’espère qu’elle n’aura pas à faire ça. Je commandai un muffin à emporter, je crois que je vais aller me poster sur mon banc en haut de la rue, pour continuer un peu les photos. Passant près de la table de la fille, je crie au loin en pointant du doigt dans l’autre sens :


« OH MON DIEU ! BRAD PITT DERRIÈRE SUR LE BOULEVARD ! »

J’attends que les têtes se soient tournées dans la direction fatidique pour poser plié en deux le dessin sous le café de la demoiselle. Puis des gens me regardent avec un œil bizarre et je hausse les épaules en disant :

« Pardon ? Ce n’est pas lui ? Oh mince, j’aurais juré pourtant… »

Sur ce, je m’en vais en riant vers mon banc et remonte m’asseoir sur le dossier, pour prendre en photo un chien assis à côté d’une poussette où dépasse juste la main du bébé. CUUUUTE !

Evangélie fut servie et commença par manger sa salade de fruits. Le pain au chocolat était un peu trop chaud pour qu’elle puisse commencer à le manger tout de suite. Elle n’avait pas vraiment envie de se brûler la langue. Les crêpes avaient suffi, pas besoin de d’autres choses de brûlées en ce matin. Salade de fruits finie, elle put s’attaquer au pain au chocolat qui était maintenant légèrement refroidi et qu’elle pouvait commencer à manger. Ce qu’elle fit. La salade ne l’ayant pas complètement rassasiée. Il n’y avait pas beaucoup de personnes dans le petit café. Enfin, de personnes d’installées à une table. Qui passaient prendre une commande pour emporter, il y en avait plus. Il y avait ce qui lui semblait être un couple ainsi qu’un jeune homme. Jeune homme sur lequel elle resta durant quelque instant. Elle le trouvait curieux à cause de ce qu’il faisait. Il la regardait, un crayon à la main et ce dernier bougeait. Il semblait être parti, loin, dans ses pensées. Bien entendu, elle n’en savait rien, elle ne pouvait que déduire et donc se tromper. Elle continuait donc de manger, elle avait de toute manière trop faim pour arrêter très longtemps. Elle était tout de même curieuse de voir ce qu’il dessinait. À moins qu’il ne faisait que gribouiller, perdu dans ses pensés. Ce qui n’était que des suppositions, ne sachant pas du tout ce qu’il était en train de faire réellement. Elle le sut quelque instant plus tard. Elle le vit bouger, se dirigeant vers là où elle était et il cria quelque instant plus tard, disant que Brad Pitt était derrière, sur le boulevard. Elle regarda donc en cette direction. Personne… ce qui était bel et bien le cas, puisqu’il (le jeune homme pas Brad Pitt) s’en excusa, continuant son chemin. Lorsqu’elle regarda sa table, elle vit une feuille de papier plié, qu’elle ouvrit. C’était un dessin, elle avait bien deviné, avec une jeune fille dessus… cela lui prit quelques secondes avant de réaliser que la dite jeune fille c’était elle. Elle sourit, trouvant le dessin très bien fait. Elle savait qu’elle était plutôt jolie, mais de là à se faire dessiner par un inconnu… c’était tout un compliment à ses yeux. Elle regarda autour d’elle, cherchant le jeune homme. Elle n’était peut-être pas toujours une lumière, mais cette fois ce n’était pas nécessairement très compliqué à comprendre. Elle le vit un peu plus loin, elle se leva, prit le dessin ainsi que son pain et son café.

« Il est très joli. Merci. » lui dit-elle, souriant.

Elle reprit ensuite son chemin, marchant lentement, n’étant nullement pressée. Elle était en congé malgré l’heure à laquelle elle s’était réveillée. Elle pouvait donc faire ce qu’elle voulait, maintenant qu’elle était en train de manger, elle n’avait donc plus besoin de se préoccuper de cela. Ce qu’elle allait faire ? Elle n’en avait pas la moindre idée, et ce n’était pas non plus comme si c’était très important. Peut-être tout simplement flâner dans la ville comme elle faisait souvent ou s’arrêter elle ne savait où encore. Ne pas prévoir ce qu’elle allait faire était quelque chose qu’elle faisait bien souvent. Elle aimait bien ne pas prévoir, n’avoir de des surprises dans ce qu’elle faisait. Même si ce n’était pas de grandes surprises. Pour le moment, elle continuait de manger son pain au chocolat, marchant sans but.