Damn good school{Daphné

Je sortais de mon cours de français. Dans cette université, il y a de tout ! Des artistes, des scientifiques, des multilinguistes, mais aussi des littéraires ! La prof venait de nous faire la morale pendant une heure et demi sur un grand écrivain français du nom de Victor Hugo. L'avantage de cette heure d'ennui est que j'avais eu le temps de finir des devoirs pour cet après-midi. Il faut avouer que je n'ai pas un grand pouvoir de concentration, et je suis assez vite dissipée. Il suffit d'une odeur de banane au chocolat, ou d'un son de télé, et adieu les devoirs ! Donc, je les finis en cours, pendant un énième monologue de la prof. Je regardais autour de moi : tout le monde baillait, certaines personnes dormaient même. Mais la prof, emportée dans sa tirade sur le grand homme, n'avait d'yeux que pour le plafond qu'elle montrait en levant la main vers le haut, en essayant de toucher le étoiles. Ridicule ! Cette bonne femme devait avoir facile 60 ans, et elle aurait dû être à la retraite depuis bien longtemps ! Même mes parents l'avaient eu comme professeur , c'est pour dire !

En sortant du cours, ce fut la libération. Il faisait chaud, un léger vent soufflait dans mes cheveux et dans ma figure. Lorsque je sortis du hall, un rayon de soleil m'inonda de la tête aux pieds. Un instant, je m'arrêta et respira l'air frais qui s'engouffra dans mes poumons. Une fois cette petite pause passée, je pris le chemin de la cafèt, lieu de rendez-vous des élèves à cette heure de la journée, c'est à dire 11h15. Mon estomac criait famine : j'étais partie en catastrophe ce matin car mon antique réveil avait fait des siennes et n'avait pas voulu sonner une deuxième fois, après que j'ai éteint. J'avais eu le temps de prendre une pomme dans la corbeille à fruit et de la manger en route. Heureusement, je n'habitais pas très loin de l'université et le temps perdu de mon petit déjeuner m'avait permis de marcher plus lentement et plus calmement. Et donc, d'éviter un bon point de côté, et peut-être une crise cardiaque.

Quand j'arrivais aux abords de la cafeteria, je remarquais une petite touffe bouclée de cheveux noir ébène.Je sus directement qui se trouvait assis à cette table, dos au soleil. Je m'approchais lentement, sans bruit. Mais à peine étais-le au dessus de l'épaule de Gavriel, qu'il se moqua de mon immense discrétion. Je déposais un bisou sur sa joue et me mis en face de lui. Le parasol me cachait de la lumière aveuglante de l'astre du jour.

▬Alors, quelle est ta nouvelle idée et où l'as tu déniché cette fois ? Dans ton bol de céréales ?

Pendant un moment, j'eus l'impression d'être face à un mur. Gavriel était plongé dans sa future œuvre, et pour les quelques secondes à suivre, rien ne le ferait sortir de sa bulle. L'avantage de ce mur est qu'il parlait. Mais avec Gavriel, j'étais habituée à ce comportement. Cependant, il est très attentif quand il a l'esprit hors de son calepin. En rigolant, il me répondit que le bacon n'était pas très inspirant. Ne cherchant pas à comprendre sa plaisanterie personnelle, je me contentais de lever le sourcil, et bouger légèrement la tête comme les chiens sur la banquette arrière de la voiture. Quelque fois, Gavriel sortait des phrases que lui seuls comprenait, et comme il le faisait de temps quand nous étions tous les deux, il était le seul à rigoler. Mais cette partie de son caractère est assez drôle je dois dire.

Pendant que j'exposais mon visage au soleil pour la seconde fois en dix petites minutes, Gavriel me demanda si j'étais au courant d'une histoire de faiseurs de vœux et de stars venus à Thèbes pour l'évènement. Génial ! Notre belle ville allait devenir la destination numéro un des peoples. et ça allait devenir l'horreur. Une journaliste avec une décoloration avancée allait venir , de sa voix mielleuse, qu'elle emploie pour ne pas effrayer les gens, dans les rues et nous demander : "Que pensez vous du nouvel essor social de la ville ? " Elle aurait un décolleté trop décolleté et ressemblerait à une barbie. Et juste au regard que le caméraman porterait sur son corps, on devinerait qu'ils sortaient ensemble. Cette ville là, ce Thèbes là, non merci , je n'en veux pas ! Mais, il est facile de tirer des plans sur la comète, mais rien ne me dit que c'est ce qui va se passer, et je n'espère pas. Cette ville a un charme qu'aucune autre ville n'a , parce que c'est la seule ayant résisté à l'assaut des journalistes. Je ne dis pas que je n'aime pas les stars et que je suis une anti-stars. Au contraire, j'adore lire les magazines peoples, où un seul magazine du même jour donne trois versions différentes sur un évènement insignifiant de leurs vies médiatisées.

▬J'en ai vaguement entendu parler, en effet.

Gavriel renchérit que tous ces gens cherchaient la perfection, la perfection qui est Chuck Norris. A cette allusion d'un souvenir de vacances, je me mis à éclater de rire. Gavriel avait vraiment le don de faire rire, sauf quand il a abusé sur les pizza aux toastinettes que ma grand-mère a tendance à préparer quand il vient à la maison.

▬Je vais me chercher à manger, tu veux quelque chose ?

De mon sac, je sortis mon portefeuille, car à partir du moment où on entrais dans la caféteria, il fallait payer !