Kara ♣ "Qui a la volonté a la force." [Terminée]

Elle est née, ça oui, elle est née. Il y a de ça 22 ans, dans cette ville d'Italie connue sous le nom de Naples. C'était la ville d'origine de sa mére, italienne pur souche, tombée folle amoureuse lors d'un voyage coup de tête en Gréce, d'un gars du pays. Elle était journaliste et assomée de travail, il était attaché à sa terre natale comme personne. Le coup de foudre fut immédiat entre Pierryck Niarchos et Ilva Leonetti. Le voyage de cette dernière dura plus de 10 ans. Les 5 ans d'une vie que menaient cote à cote deux jeunes amants tout aussi insouciant l'un que l'autre. Leur amour n'était que coup de folie, coup de tête, coup d'éclat. Ils étaient partis s'installer à Naples, et pour de bon. Pierryck, qui n'avait jusque là pas quitter son pays, aurait été prêt-à-tout pour suivre son aimée. 2 ans aprés le début de leur idylle, naissaient Kara et Angelo. Que ce soit un, ou que ce soit deux, peu importait aux tourtereaux. Ils étaient heureux, et la famille de leur rêve prenaient vie devant leur yeux. Le bonheur. C'était ce qu'ils pensaient avoir trouver. Non, en fait, c'était ce qu'ils avaient trouvés. Les années passérent, enchaînant les visites familiales sur Athénes, puis sur Bari. Rien ne semblait pouvoir altérer l'amour des deux jeunes gens. Angelo et Kara dévelopérent à leur tour une relation digne de véritables jumeaux. Les gosses devinrent inséparables, se basant l'un sur l'autre pour évoluer. Malgré la sur-attention dont leurs parents faisaient preuve à leur égard, ils ne devinrent pas "pourris-gatés" comme nombre de ces enfants. C'est au bout de 10 ans de vécu en Italie, que la petite troupe revint à l'endroit où tout débuta : Athénes. Les deux bambins eurent rapidement la double-nationalité, et s'accomodèrent rapidement aux moeurs et coutumes de la Grèce. La maternelle, le primaire, puis le collége. Kara et Angelo n'étaient que rarement séparés, et quand c'était le cas, l'un et l'autre n'étaient plus apte à rien. Leur amour était aussi fusionnel que celui de leurs parents. Il n'y avait plus de "elle" ou de "lui", c'était juste "eux" un point c'est tout.
C'était. Oui, c'était seulement. Toutes les bonnes choses ont une fin, chacun de vous connait ces mots. A rire trop fort, on n'entend plus le vrombissement d'un moteur. A courir main dans la main, on ne fait plus attention. A se regarder dans les yeux, on n'observe plus ce qui nous entoure. A se croire au paradis, on finit par le rejoindre pour de bon sans l'avoir voulu.
Le camion faucha son frère, sa vie, son avenir, son pilier. Le poid lourd la frôla, elle partit contre le mur de béton, de l'autre coté du passage. Les étoiles dansèrent devant ses yeux, et le crissement des pneus se perdit dans la brouhaha de sifflements qui emplissait sa tête. Angelo, Angelo, Angelo. Même en ayant mis un pied dans le gouffre, malgré cette douleur qui semblait ne pas vouloir en finir avec elle, Kara ne pensait qu'à lui, qu'à lui, comme elle l'avait toujours fait. Elle ne pouvait pas le voir. Elle qui, même quand il était loin d'elle, réussissait à se l'imaginer avec détail, elle n'arrivait à rien. Elle ferma les yeux l'espace d'un instant, tentant de chasser ce voile rouge qui l'empêchait de l'apercevoir. Mais elle n'ouvrit ses paupières que 4 longs mois plus tard.

«Angelo, mon frère, mon ange. Ce nom te correspondait et te correspond si bien. Angelo, mon tout, ma vie. Tout est de ma faute, n'est-ce pas? J'ignore si tu m'en veux, mais les remords qui me brûlent chaque jour un peu plus fort, je les vis pour nous deux. J'ignore aussi si tu sais ce qui se passe en bas. J'ignore, alors qu'à tes cotés il me semblait que je n'avais plus rien à apprendre. Angelo, reviens-moi, juste l'espace d'un instant, viens me rassurer, me prendre dans tes bras, me dire que tu ne t'en iras pas. Ou si tu veux, viens me frapper, viens m'emporter, viens me rabaisser plus bas que terre, m'en vouloir comme personne ne l'a jamais fait. Mais reviens-moi. Peu importe la raison, peu importe le comment. Tu sais ce que c'est le coma? C'est une période qui te semble infinie, où tu ressasses chaque erreur, où tu péses le pour et le contre de tes actes passés, tes décisions, tes volontés. Une solitude qui te semble insurmontable. Les médecins ne savent donc rien, ils baragouinent des idioties à maman et papa, leur faisant croire que c'est grâce à eux, que je suis de retour. De retour? En voilà un bien grand mot. Je respire, je regarde, je parle parfois, mais au fond rien ne va. Angelo, reviens-moi, viens me chercher.»

Leur vie changea du tout au tout, le bonheur, ils ne connaissaient plus ce mot, et malgré le réveil miraculeux de leur fille, Ilva et Pierryck ne remontérent pas aussi bien la pente. La jeune mére succomba à une dépression, 5 ans plus tard. Elle luttait sans vraiment en avoir l'envie. Même quand on s'attend à ce genre de chose, la nouvelle n'en est jamais atténuée. Pierryck ne chercha pas à oublier, mais avançait, pour Kara. Cette dernière qui s'était réveillée aprés 4 mois dans un état comateux. Elle s'était réveillée pleine de vie, le sourire aux lèvres. Son pére et elle quittérent Athénes pour Thébes, comme si on pouvait faire une croix sur le passé. Et par pur hasard, c'est ici que son ciel se découvrit le plus rapidement, à l'entente de ces rumeurs incensées. Ils se disaient que Des génies parcouraient la ville, réalisant vos voeux les plus chers. Son pére s'en sortait doucement, et Kara paradait déjà dans sa nouvelle ville. Les souvenirs s'effaçaient au gré de ceux qu'elle se forgeait à nouveau. On aurait dit qu'elle était heureuse, mais elle était juste pleine d'espoir.